QUALITÉ DE VIE
ÉMOTIONS, CLIENTÈLE et PATHOLOGIES
Mon accompagnement en acupression est fortement axé sur la gestion des émotions vécues,souvent de manière négative par les personnes qui sont en demande. J’ai presque exclusivementbasé mes interventions en tant que « massothérapeute » (je travaille dans un centre multidisciplinaire) sur cet aspect de la pratique. Je crois que les gens en bonne santé ont moins tendance à se faire masser dans des cliniques multidisciplinaires. Par conséquent, ma clientèle se présente pour des raisons plus spécifiques.
En ce qui concerne les pathologies musculo-squelettiques et les problèmes de santé plus « traditionnels », je privilégiel’orientation les personnes en souffrance vers des spécialistes tels que les ostéopathes et d’autres praticiens reconnus en santé – notamment dans ma clinique. Travaillant, entre autres, dans une clinique multidisciplinaire, cela permet une approche globale et évite ainsi à tout un chacun de « marcher sur les plates-bandes » de ses collègues. Cela permet aussi de limiter les confusions dans les messages thérapeutiques.
ARTS MARTIAUX
Mon expérience étant issue à l’origine de la pratique des arts martiaux, comme beaucoupj’ai ensuite évolué vers des formations spécifiques dans le domaine de l’aide aux personnes en souffrance. Au fil des années, par le choix venu de mon intérêt pour cette approche, je me suis spécialisé dans les thérapies dites brèves pour « traiter » les émotions perçues comme handicapantes.
Au terme « traiter », je préfère celui d’aider. Je conçois mon accompagnement à la façon d’un entraîneur qui donne des « trucs » à son boxeur et qui va le suivre jusqu’au bord du ring. Mais, sur ce « ring », la personne rentre seule et c’est alors qu’elle peut utiliser ce que je lui ai fourni.
Dans ma conception, la personne en souffrance doit rester au centre et à la direction de son programme de « reconstruction » ou de cheminement vers un équilibre quel qu’il soit.
Grace à l’acupression, tant fournie par les massages que par l’automassage, que je recommande fortement, mon approche sur la gestion des émotions s’en trouve la plupart du temps grandement facilitée. Il n’est pas rare que, grâce à elle, le processus soit considérablement raccourci avant que je n’indique à la personne suivie qu’elle n’a plus besoin de mes services. Paradoxalement peut-être, mon but est que celui ou celle qui me sollicite revienne le moins possible, et en tout cas jamais sur une longue durée (bien que plusieurs reviendront pour l’expérience agréable de l’acupression). Au fil de mes années de pratique, j’ai rencontré beaucoup de gens en dépendance de thérapies diverses et variées pour ne pas me rendre compte que cette addiction remplaçait souvent la problématique initiale.
SÉANCES
Dans le cadre de ma pratique au quotidien, mes séances d’acupression se décomposent de la manière suivante :
La personne en demande reste toujours habillée sauf pour les avants bras et les pieds. Il m’arrive aussi fréquemment de travailler sur les jambes en dessous des genoux ou au niveau de ses derniers.
En préparation, j’utilise mes paumes de main pour délivrer un premier massage de type shiatsu. Celui-ci est pratiqué aussi sur une personne habillée. Dans le cadre de la gestion des émotions, le haut du dos, le dos en général, le ventre ainsi que le crâne sont d’excellents champs de préparation avant que de n’en venir au traitement avec « les doigts ». Pour les puristes, le Shiatsu et l’acupression sont deux disciplines différentes. En ce qui me concerne, elles sont complémentaires.
Après cette préparation et réchauffement de type shiatsu relaxante, je passe alors au traitement par « paires ».
La paire se constitue par ce que je qualifie du « point cible » (qui va être le principal moteur énergétique du traitement et viser par « ricochet » la problématique première) et du « point de préparation ». Autant en arts martiaux, frapper un point de préparation augmente les effets « néfastes » sur le point principal visé, autant en médecine traditionnelle et en acupuncture, on recherchera, par ce travail sur le point de préparation, à optimiser le travail thérapeutique.
Au cours d’une séance, je ne travaille pasplus de 3 paires. Ceci afin de bien concentrer mon action et surtout pour éviter de « survoler » ma tâche. De plus, comme le travail d’acupression est plus efficace avec l’index, je me prépare, avant la séance, avec des exercices spécifiques de Qi-Jong (ou Chi-Jung) que je présenterai éventuellement dans un autre article. Ceux-ci ayant pour résultat de me « vider » plus ou moins rapidement, je préfère donc limiter mon action sur les 3 paires que j’aurai établies avant en accord avec la personne en demande.
POINTS ET PAIRES
Même s’ils ne sont pas forcément en rapport direct, et apparent, avec la gestion des émotions, je vous présente quelques-unes des paires que j’affectionne tout particulièrement et qui sont facilement accessibles à tout massothérapeute et en automassage.
Les points par paires :
• IG3 et V62
Le point IG3 ou Intestin Grêle 3 se situe sur le tranchant de la main. Cette partie rendue célèbre par les films de karaté est aussi, et surtout, un endroit majeur et simple à travailler pour détendre le haut du dos et la nuque. Selon ce que j’ai pu observer, et cela n’engage que moi, cette zone est particulièrement sensible au stress et en particulier chez les personnes de type énergétique Yin (souvent les femmes mais pas uniquement) là où les personnes de type Yang (souvent les hommes mais pas uniquement) auraient tendance à avoir des blocages au niveau des reins avec des résonnances dans le bas du dos (exemple : lombalgies basses).
Ce point IG3 se situe à peu près à un « cun » (environ un pouce) de la base du tranchant de la main. Sans préparation en Chi-Kung, je conseille de le masser avec le pouce de la main opposée. Si le massothérapeute est familier des exercices énergétiques, il pourra plus efficacement travailler avec l’index après une préparation adéquate.
Ce point IG3 est facilement accessible en automassage comme je le disais plus haut. Mais, si l’on veut augmenter de façon conséquente l’impact thérapeutique du massage en question, je recommande un travail sur le point V62.
Le point V62 ou Vésicule biliaire 62 se situe sur l’extérieur du pied juste sous la malléole à sa perpendiculaire. C’est un point relativement facile aussi à trouver.
On dit souvent en acupression, acupuncture ou médecine traditionnelle chinoise que les points de pression sont dans des creux mais que tous les creux ne sont pas des points d’acupuncture. Dans le cas du V62, on ne peut guère se tromper. En cherchant quelques secondes, on trouve très vite cette déclivité souvent très sensible surtout quand le stress est bien présent.
En travaillant d’abord le point de préparation, et parce que j’ai découvert de manière empirique que cela était à priori plus efficace, mais encore une fois cela n’engage que moi, je préfère d’abord masser le point de préparation du pied opposé avant de passer à la main du point IG3.
• TR5 et VB41
Triple réchauffeur 5 en point cible et Vésicule biliaire 41 en préparation en suivant la procédure évoquée supra. De prime abord le travail sur le TR5 ne semble pas lié à la gestion des émotions. Traditionnellement on l’utilisera pour faire baisser la température en cas de forte fièvre.
Néanmoins, dans le cadre de ma pratique, j’ai souvent pu me rendre compte que cela avait des effets bénéfiques sur les tempéraments dits « colériques » ou « sanguins ». Vous pouvez donc utiliser ces deux points en cas de fièvre, mais aussi si vous êtes face à une personne qui semble agitée. La température est souvent intimement liée à de nombreux facteurs émotionnels et l’abaisser peut donc avoir des effets bénéfiques sur ces derniers.
Le point TR5 se situe un peu avant le poignet sur l’avant-bras au creux de l’amas de tendons. De nombreux schémas sont disponibles en ligne pour le situer visuellement plus aisément.
Quant au VB41, vous le trouverez sur le côté du pied juste en arrière du dernier métatarse du petit orteil. Pour lui aussi je vous conseille de visualiser cela sur des croquis ou photos disponibles en ligne.
• MC8 et R1
Enfin je terminerai avec deux grands classiques souvent oubliés et pourtant tellement simples et efficaces à travailler.
Maître du Cœur 8. Souvent aussi appelé EC8 ou 8PC. Pour le trouver, il vous suffit de plier votre majeur jusqu’à ce qu’il touche votre paume.
Exceptionnel pour calmer la nervosité en automassage ou en massage. En automassage, privilégier le pouce et en massage, si le praticien est familier du Chi-Kung, prendre l’index « chargé énergétiquement ».
C’est un point majeur du Qi et dont l’utilisation a souvent été galvaudée par des pseudos-maîtres en arts martiaux. Pourtant, j’ai pu assister à des démonstrations de travail thérapeutiques au cours desquels le « soignant » aidait le « soigné » grâce à une imposition particulière de ce point.
En dehors de l’énervement, le travail sur cette zone a des effets sur de nombreux autres symptômes sur lesquels il faudrait s’appesantir dans un autre article.
Rein 1. Le point de préparation qui est plus, dans ce cas, un point d’accompagnement tellement ces deux zones, même travaillées l’une sans l’autre, ont des effets parfois spectaculaires.
Lui aussi très facile à situer sur la plante du pied entre les deux « bosses » du tiers avant. Il est un peu l’équivalent du plexus solaire. Grâce à une action par pression et relâchement et/ou un travail de massage circulaire, là aussi vous calmerez le flux trop fougueux d’énergie dans le corps. Idéal le soir avant le coucher ou à tout moment de la journée quand le besoin s’en fait sentir.
Sur tous ces points le massage doit durer au moins entre une minute et cinq de préférence. Mais là aussi, le ressenti personnel est important pour se faire son propre jugement. Entre la personne en demande et le masseur, j’estime qu’il est important d’en verbaliser les effets. Certains praticiens préfèrent le silence lors de ce type de séance. Je respecte beaucoup cette façon de faire. Cela étant, dans le cadre de mon aide dans la gestion des émotions, j’échange afin de verbaliser le ressenti. La verbalisation de l’évolution d’une douleur ou d’une sensation est importante dans la stratégie spécifique que j’ai établie en la matière. Je n’irai pas jusqu’à faire un parallèle avec la catharsis, mais le phénomène recherché est un peu du même ordre et m’a souvent permis d’ouvrir d’autres portes.
Mais ceci est un autre sujet qui pourra faire l’objet d’autres parutions.
EN CONCLUSION
Un dernier point concernant l’acupression que je souhaite partager, même si les puristes et les « gardiens du temple » aiment à parler de localisations très précises, et à être parfois très intransigeants sur le sujet, n’oublions pas que les « grands maîtres » originels ont commencé eux-aussi par « tâtonner » dans leur recherche. Ne soyez pas donc trop exigeant avec vous-mêmes sur la cartographie et écoutez aussi votre instinct tout en respectant les schémas généraux conseillés.