Un modèle pour de meilleurs soins de santé en massothérapie

Un modèle pour de meilleurs soins de santé 
Le 19 décembre 2016, écrit par Don Quinn Dillon, publié initialement dans Massage Therapy Magazine

La chiropratique figure parmi les services de l’hôpital de St. Michael de Toronto. En réalité, la chiropratique est un poste salarié dans un certain nombre d’hôpitaux canadiens, confirme le Dr Deborah Kopansky-Giles, chiropraticienne et clinicienne-scientifique au sein du département de médecine familiale et communautaire de l’hôpital St.Michael de Toronto.

Débat sur les soins de santé intégrés, tenu lors du symposium de recherche de l’IN-CAM à Toronto. Modérateur : Barbara Findlay-Reece ; Intervenant : Dr. Dugald Seely. La chiropratique figure dans les services de l’hôpital de St. Michael de Toronto.

Lors d’une réunion-débat au symposium de recherche de l’IN-CAM à Toronto récemment, le Dr Kopansky-Giles a décrit comment un projet pilote mis en place par le Canadian Memorial Chiropractic College (CMCC) a permis de faire des économies et d’obtenir des résultats positifs, conduisant finalement à des postes salariés couverts par les budgets des hôpitaux. La chiropratique est passée d’une “alternative” marginale à des soins de santé intégrés accessibles au public.

Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Il existe une tendance croissante à inclure les praticiens de la médecine complémentaire et alternative (CAM) dans la médecine occidentale traditionnelle. Les massothérapeutes devraient être passionnés par le développement de la médecine intégrative, car elle constitue probablement la plateforme la plus tangible pour renforcer la crédibilité et obtenir un financement auprès du gouvernement, des assureurs, des disciplines de santé de garde et du public/des médias.

Des initiatives encourageantes ont été prises en ce qui concerne les modèles de soins de santé intégratifs au Canada, en voici quelques exemples :

  • Clinique CMCC de l’hôpital St. Michael, Toronto
  • Institut de bien-être de l’hôpital Seven Oaks, Winnipeg
  • Centre de médecine intégrative de Montréal, Montréal
  • Programme CARE, Université de l’Alberta, Edmonton
  • Institut canadien de médecine naturelle et intégrative, Calgary
  • Clinique de santé intégrative, Langley, C.-B.
  • Centre de cancérologie intégrative d’Ottawa, Ottawa
  • Centre de médecine intégrative de l’Université de Saskatchewan
  • Connect Health Care, Calgary
  • Centre de médecine intégrative, Université de Toronto, Toronto
  • Institut de santé intégrative Université de l’Alberta, Edmonton

Le Centennial College s’est organisé pour que les étudiants du programme de massothérapeutes agréés (RMT) fournissent des soins au centre de santé communautaire de TAIBU à Scarborough. Ce centre était l’un des sites identifiés par le ministère de la santé et des soins de longue durée pour son projet pilote de soins primaires contre les lombalgies. Alors que le ministère avait initialement l’intention de ne pas inclure les données sur la massothérapie dans l’analyse, Andrew Lewarne, directeur exécutif de l’Association des massothérapeutes de l’Ontario (RMTAO) a rencontré l’assistant du ministre et a fait pression avec succès en faveur de cette inclusion. La profession de massothérapeute doit être incluse dans davantage de projets pilotes comme celui-ci pour démontrer son efficacité, ses économies et son intérêt public si elle veut parvenir à un accès public plus important.

Au cours du symposium de recherche de l’IN-CAM, une discussion de groupe a eu lieu sur le thème ” Explorer les modèles intégratifs de soins : contexte canadien”, la modératrice Barbara Findlay-Reece, infirmière diplômée d’État, a noté une migration observable des valeurs des soins de santé intégratifs vers les services de santé financés par l’État :

  • l’intérêt de l’expérience du patient, c’est-à-dire des soins centrés sur le patient lui-même (environnements de guérison)
  • la formation de relations patient/praticien (sécurité, qualité)
  • la concentration sur le lien entre le corps et l’esprit pour la gestion de la douleur
  • la médecine fonctionnelle (métabolique)
  • les soins en équipe, pratique interprofessionnelle
  • la médecine personnalisée (comme en oncologie intégrative)
  • les soins de soutien personnels/en groupe (rentables, responsabilisants)

Le Dr Lawrence Cheng, un médecin de l’organisme Connect Health Care, basé à Vancouver, a décrit comment les modèles actuels de rémunération des médecins rendent la concurrence difficile pour les établissements de soins de santé intégrés. En effet, les médecins basés dans les modèles actuels de prestation de soins de santé sont récompensés pour des soins de courte durée, de volume important et quelque peu dépersonnalisés. Le Dr Cheng a expliqué que Connect Health Care utilise un modèle d’adhésion déployant des programmes de huit, douze ou seize semaines et des initiatives de santé communautaire pour financer ses opérations. Il a également fait remarquer que les programmes permettent un suivi plus efficace des mesures de résultats que les visites ponctuelles ou sporadiques.

Il a souligné aussi les problèmes liés à l’offre de soins de santé intégrés : juridiques/réglementaires (différentes disciplines, politiques variées des collèges de réglementation), responsabilité des médecins (modalités expérimentales, aiguillages) et état d’esprit des patients, comme l’acclimatation à l’idée de payer les soins de santé à titre privé.

Le Dr Elliott Jacobson, médecin au Centre de médecine intégrative de Montréal, a expliqué pourquoi les patients choisissent les soins de santé intégratifs : le choix, le sentiment d’autonomisation, le partenariat dans la guérison et le sentiment d’être écouté. M. Jacobson a indiqué que les étudiants en médecine de l’Université McGill peuvent observer les médecins qui travaillent dans son cadre d’intégration. Il est membre de l’Association canadienne de médecine intégrative.

Pour les professions qui cherchent à s’intégrer dans la médecine intégrative, le Dr Kopansky-Giles recommande de commencer par un projet pilote, de montrer ses avantages et sa rentabilité pour le patient et d’encourager les patients à défendre la destination des fonds consacrés aux soins de santé.

Le Dr Kopansky-Giles nous a fait part de sa vision de la “pratique familiale du futur” :

  • une équipe de collaboration non hiérarchique
  • un modèle de soins partagés basé sur des données probantes et centré sur le patient, la famille et la communauté
  • un programme de soins de santé étroitement lié aux programmes et aux besoins de la communauté
  • un modèle éducatif commun pour préparer les professionnels de la santé à travailler ensemble
  • l’adoption des nouvelles technologies de communication et d’outils de collaboration
  •  l’intégration de l’amélioration continue de la qualité, la collaboration/éducation interprofessionnelle et la recherche

Le Dr Dugald Seely, praticien en naturopathie et directeur du Centre de cancérologie intégrative d’Ottawa, a décrit comment le centre a constitué une fondation et obtenu le statut d’organisme de bienfaisance pour l’aider à trouver ses activités. M. Seely a souligné le fruit de cette démarche : “Faire sortir les gens des hôpitaux et les faire participer à des programmes de bien-être”.

Les intervenants ont tous fait écho aux défis du financement des opérations et ont fait allusion à la manière déséquilibrée dont les soins de santé sont actuellement financés au Canada, ce qui maintient la médecine intégrative dans une position naissante. Lors du symposium de recherche de l’IN-CAM de 2012, le Dr Herbert Emery s’était penché sur la question de savoir si les médecines complémentaires et alternatives (CAM) devraient être couvertes par le régime d’assurance-maladie. Dans l’article “Research made relevant” (Recherche rendue pertinente) (Massage Therapy Canada, automne 2012), le Dr Emery a suggéré que “le lobbying gouvernemental et la pression des médias pourraient être efficaces pour réorienter davantage de fonds vers les CAM… afin d’encourager le gouvernement à dépenser davantage pour les interventions de CAM qui sont nécessaires, fondées sur des preuves, qui offrent un bon rapport qualité-prix et qui nécessitent un financement public pour garantir l’accès”.

Il est clair que les professionnels des CAM devraient travailler ensemble pour des intérêts communs. Lors de la conférence de recherche ” Mettre en lumière la massothérapie dans la médecine complémentaire et intégrée ” (CIM) en mai 2010, le Dr William Meeker, chiropraticien, a demandé aux professionnels des CAM isolés : ” Pourquoi essayons-nous de faire cela par nous-mêmes ?

Le symposium IN-CAM nous fournit des moyens tangibles – non sans difficultés opérationnelles et financières – de faire en sorte que la médecine intégrative se développe et évolue au Canada. Des symposiums comme celui-ci montrent la voie à suivre pour que la profession de massothérapeute puisse imiter et construire des partenariats stratégiques avec d’autres professions de la CAM en vue d’atteindre des objectifs communs, unis et liés dans la poursuite de la crédibilité, du financement et de l’accès public.


Donald Q. Dillon est un praticien, auteur et conseiller des massothérapeutes. Retrouvez-le sur DonDillon-RMT.com